Interview biathlon Enora Latuillière

Après des résultats convaincants aux championnats de France de Biathlon en ski-roues, la très ambitieuse Enora Latuillière nous livre son regard sur sa préparation estivale, ses objectifs pour la saison à venir.

Altitude biathlon : Vous venez de réaliser de belles performances dernièrement avec une victoire en septembre à Arçon, et deux 3ème places il y a une dizaine de jours sur le même site. Où en êtes-vous de votre préparation ? 
Enora Latuillière : J’ai été épargné par les soucis physiques cet été, une première pour moi ! (rires). Tout s’est bien passé, je suis bien dans mon programme. Là, on commence progressivement les séances d’intensité, avec plus de lactique (skier à haute intensité pour entrainer les muscles à résister à l’accumulation d’acide lactique). Au niveau des entraineurs, on a accueilli Frédéric Jean et Vincent Porret. Ils me connaissent bien, du coup c’est un tandem qui me va bien !

Vous n’êtes pas encore sélectionnée en Coupe du Monde. Il va y avoir une sélection au sein du groupe. Pouvez-vous nous expliquer comment cela va se passer ?
Nous partons à Lenzerheide en Suisse à partir du 12 novembre et ce jusqu’au 21-22 car là-bas ils utilisent le snow farming. A la fin du stage, nous participerons à des courses qualificatives. 4 filles pour 3 places ! Les sélectionnées pourront participer aux deux premières étapes de la coupe du Monde à Pokljuka (SLO) et Hochfilzen (AUT).


Du coup, comment vit le groupe par rapport à cette concurrence ?

Les entraineurs jouent bien le jeu. L’esprit d’équipe est très bon, c’est vraiment le plaisir à l’entrainement qui prédomine. C’est la première fois, qu’il n’y a aucune tension malgré les sélections à venir.

Par rapport à vos précédentes préparations estivales, quel aspect avez-vous privilégié pour franchir un palier et perdurer sur le circuit Coupe du Monde ?
Le mot d’ordre cette année a été vraiment de lâcher prise dans ma tête, d’écouter le plaisir ! Je suis une bosseuse, donc j’ai été à l’écoute de mon corps en privilégiant les moments de repos.

 

Vos problèmes de dos sont donc derrière vous ?
En fait, non, malheureusement ! Je dois gérer ces soucis récurrents (pincements discaux) à l’aide d’étirements.


Quels objectifs vous êtes-vous fixés pour cette nouvelle saison ?

Mon objectif est clairement de participer aux Championnats du Monde et de faire un maximum de courses. Pour cela, il faudra être dans les 4 meilleures skieuses ! Il s’agira d’être forte mentalement et savoir gérer la pression.

Au niveau des autres nations, quelles sont les filles qui vous ont fait une bonne impression cet été ?
J’ai vu que Karolin Horchler, après des années à naviguer entre la Coupe du Monde et le circuit IBU Cup, a remporté de belles courses aux Championnats d’Allemagne. Elle sera à suivre au même titre que Marte Olsbu, déjà très impressionnante.


Parlez-nous un peu de votre parcours sportif. Quelles sont les étapes importantes qui vous ont marquées ?

J’étais en sport étude ski alpin jusqu’en 4ème. J’ai été déclassé du ski alpin, mais étant hyperactive avec un besoin important de bouger, je me suis dirigée vers le ski de fond car j’avais beaucoup de copines qui en faisaient. Par contre, au début, je n’avais pas d’affinités particulières avec le fond, étant plutôt dans le style de me cacher dans les bois pour en faire le moins possible (rires). Après une dernière année au collège en sport étude ski de fond, j’ai opté pour le biathlon en seconde et ça m’a plutôt souri depuis !


Effectivement ! Depuis, quel a été votre meilleur moment vécu en biathlon ?  Le plus difficile ?

Au niveau du positif, il y a 2 événements majeurs qui m’ont marqués. Le premier, c’est bien sûr ma médaille d’argent en relais lors des Championnats du Monde de 2015 à Kontiolahti. Plus proche de nous, c’est la 3è place au Grand-Bornand, l’année dernière, d’Antonin Guigonnat, mon compagnon, qui m’a énormément touché. J’en ai pleuré tellement c’était beau. Après des années, à faire le yoyo entre l’IBU Cup et la Coupe du Monde, il a réussi à faire ses preuves de la plus belle des façons. Au niveau des déceptions, c’est l’année qui a suivi mes débuts en coupe du Monde qui a été très dure à vivre. Des douleurs au dos m’avaient alors contrainte à tirer un trait sur la saison de manière prématurée. 


Dans un contexte environnemental toujours très instable (sécheresse, inondations, tempête, manque de neige…) et au cœur des débats, quel regard portez-vous sur le changement climatique et la pratique future de votre sport ?
C’est vrai qu’on parle souvent de l’avenir de la planète entre nous. En fait, on est dans un vrai dilemme entre nos actions personnelles pour préserver l’environnement et, par exemple, le transport en avion pour participer aux courses ou l’utilisation du tunnel réfrigéré à Oberhof. Parfois on se dit, que dans le futur on fera toutes nos courses en ski-roues. Ça nous fait rire…. jaune !

Énora latuillière-interview Altitude biathlon-biathlon-Équipe de France

Pour clore cette petite présentation, pouvez-vous vous définir en un mot ?
Persévérante !

Propos recueillis par Guillaume COURTOIS. Questions posées par les supporters passionnés de biathlon issus de divers réseaux sociaux

Crédit photos avec l’aimable autorisation d’ ©Énora Latuillière 

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