Interview Thomas Bray (speaker officiel-Biathlon)

Altitude biathlon : Avez-vous suivi une formation spécifique pour être speaker officiel de la FFS* ?

Thomas Bray: Non, cela s’est fait après un concours de circonstances. J’étais directeur du Club des Sports des Saisies et j’ai eu l’occasion de commenter des courses de ski. Lorsqu’en 2012, Christophe Sevessand, speaker officiel de la FFS, a décidé d’arrêter, un appel d’offres a été lancé. J’ai donc postulé et ai été choisi.

Aviez-vous une expérience de biathlète qui a pu vous servir à obtenir ce poste ?

Pas du tout. A la base, je suis originaire du Nord-Pas-de-Calais. Mais j’ai toujours été attiré par la montagne et j’ai fais mes études à Chambéry, ce qui m’a permis d’être à proximité des massifs montagneux. A partir de ce moment, j’ai pratiqué le ski en loisir.

Ce poste de speaker est-il votre unique activité professionnelle ?

Crédit photos Thomas Bray

Il constitue environ 60-70% de mon emploi du temps. En dehors, j’ai différentes activités professionnelles. Je travaille pour le tout nouveau Biathlon magazine en Avril dernier et Nordic Magazine : suivi de l’IBU CUP et du circuit national, interview d’athlètes pour la version web ; articles pour la version papier. De plus, je suis responsable communication pour « Authentic nutrition », une entreprise de nutrition sportive, et j’aide également un organisateur de stages de trail dans sa communication.

Au quotidien, comment préparez-vous votre rôle de speaker ?

Je fais des fiches sur les athlètes, que j’alimente suite à la lecture d’articles de presse spécialisée. De plus, j’essaie de suivre régulièrement les réseaux sociaux des biathlètes qui sont une grande source d’informations et bien sûr, les liens créés avec ces sportifs qui permet d’enrichir le tout : je discute beaucoup avec eux lors des compétitions, mais aussi avec les entraîneurs. Ensuite c’est beaucoup de travail de préparation sur les listes de départ pour avoir le maximum d’informations possibles à donner au public.

Qu’est-ce qui vous anime le plus dans le biathlon ? Pourquoi le choix de ce sport plutôt qu’un autre ?

Crédit photos Thomas Bray

Cette préférence tient au caractère très indécis du biathlon. Il y a une bivalence entre le caractère physique et violent du ski et le calme, la précision, le sang froid que requiert le tir. De plus, c’est un sport en confrontation directe qui entraîne de nombreux retournements de situation, ce qui est agréable à commenter. Enfin, comme le physique n’est pas suffisant pour gagner dans le biathlon, cela permet à des skieurs qui n’étaient pas dans les favoris de se retrouver aux premières places, les cartes sont redistribuées sans cesse.

Vous êtes un spécialiste du biathlon, mais est-ce difficile de commenter devant un public très large et hétéroclite ?

Dans mes commentaires, j’essaye toujours de penser aux différents publics : les novices qui découvrent la discipline et les passionnés qui en connaissent déjà beaucoup et qui attendent des statistiques, des infos plus précises …

Un poste à la télévision comme commentateur vous intéresserait-il ?

Oui, forcément, cela fait rêver, mais les équipes actuelles sont complètes et de très bonne qualité.

Êtes-vous amené à commenter d’autres sports ?

Crédit photos Thomas Bray-Paul Viard Gaudin

Je commente des épreuves de trail, de ski de fond et de cyclisme (la Haute route, épreuve cyclosportive qui relie Genève à Nice). De plus, j’ai commenté les épreuves de ski de fond des JO 2014 à Sotchi et les championnats du monde d’aviron en 2015. Et je suis parfois présent sur des épreuves de ski à roulettes.

Justement, face aux aléas climatiques, le biathlon ne risque-t-il pas, à plus ou moins long terme, de devenir dépendant du ski-roues ?

Effectivement, le biathlon et le ski de fond ne peuvent se dérouler qu’en altitude basse ou moyenne. Ce sont donc les premiers sports touchés par le réchauffement climatique et le manque de neige ; il est donc difficile de trouver des sites enneigés, en particulier au début de la saison. A terme, la saison de ski-roues pourrait devenir plus longue que la saison hivernale.

Quelles différences voyez-vous entre commenter du biathlon et commenter du ski-roues ?

Il n’y en a pas vraiment au niveau de la technique de course (la vitesse de déplacement est sensiblement la même que l’hiver et les formats de course identiques) mais plutôt dans l’ambiance. Les épreuves du Summer Tour, en ski-roues, où sont présents les athlètes de Coupe du monde, présentent moins d’enjeu. Il n’y a généralement pas de sélection en jeu, et les athlètes sont encore dans une phase de préparation: par conséquent ils sont moins obnubilés par le résultat et donc plus détendus.

Parlons maintenant de ces JO 2014… Vous avez donc eu la chance d’être le speaker de voix française des épreuves de ski de fond. Que retenez-vous de cette expérience ?

Crédit photos Thomas Bray

Oui, c’était un grand honneur ! De plus, comme le français est la langue olympique, j’étais le premier speaker à parler lors des remises de médailles aux athlètes. Et puis évidemment commenter la médaille de bronze du relais français a été une grande émotion. Vivre cet événement de l’intérieur restera un très grand moment dans ma vie professionnelle. J’ai notamment aussi pu assister à beaucoup d’autres épreuves comme le biathlon car le stade était juste en dessous du site de ski de fond, mais aussi du combiné nordique, de la finale du ski-cross masculin où les Français ont réalisé un triplé historique !

Avez-vous eu l’occasion de rencontrer des personnalités à cette occasion ?

J’ai pu rencontrer l’ex-ministre des Sports, Valérie Fourneyron, ainsi que Thomas Bach, le président du CIO et Sarah Lewis, secrétaire générale de la FIS.

Vous avez donc connu le plus grand événement sportif mondial… Quand vous revenez commenter le circuit national ou des manches de jeunes, avez-vous les mêmes sensations ?

Oui, car cela reste des courses avec un certain nombre d’athlètes au départ, tous en quête de la victoire. Certes, il y a peu être un peu moins de pression, mais je me dois de respecter autant un concurrent U16 (moins de 16 ans) qu’un leader mondial.

Lors des manches du circuit national, vous côtoyez beaucoup de membres de la jeune génération. Voyez-vous déjà parmi eux un successeur à Martin Fourcade ou à Marie Dorin-Habert ?

Photo Nils Louna

Sans parler des seniors chez les garçons, plusieurs jeunes se détachent : Emilien Claude, le petit frère de Florent et de Fabien, Martin Bourgeois-République qui vient de remporter le titre mondial en junior. Chez les filles, on fonde de grands espoirs sur Lou Jeanmonnod et Camille Bened. Et puis des filles comme Sophie Chauveau, Paula Botet sont capables de belles choses. Mais il faut se méfier de ces pronostics, car une carrière est loin d’être linéaire. Les projections peuvent se révéler fausses. C’est ce qui rend le suivi du biathlon intéressant : tous les ans, certains qu’on n’attendait pas vont éclore, et inversement…Il y en a qui franchissent des caps, d’autres dont le niveau va plafonner…

Un dernier mot ?

J’invite tous les passionnés à lire le tout premier numéro de Biathlon magazine 😉 et à vous rendre sur les différents événements nationaux où les coupes du monde et championnats du monde de biathlon que ce soit l’été ou l’hiver, pour être au contact des champions qui représentent la France brillament toute la saison d’hiver. Vous passerez un excellent moment croyez-moi.

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Interview réalisée grâce aux questions des passionnés de biathlon, issues des réseaux sociaux. Propos recueillis par Nicolas faure

Site internet de Thomas Bray https://www.tscom.fr

*fédération française de ski 
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