Interview biathlon Fred Jean

Altitude biathlon : Vous êtes actuellement entraîneur de l’équipe A de biathlon féminin, pouvez vous nous parler de votre parcours professionnel.
Fred Jean : J’ai arrêté ma carrière en tant que biathlète de haut niveau (3 titres de champion de France) au printemps 2011 et étant passionné par l’entraînement et le biathlon j’ai voulu poursuivre dans ce domaine. J’ai donc passé mon BE2 (brevet d’état 2ème degré) d’entraîneur option ski nordique.
Ensuite, j’ai pris en main les cadets du département du Jura (où je vis) pendant deux ans avant d’être recruté pour m’occuper du Pôle France (maintenant appelé Centre National d’Entraînement) pendant quatre ans.
J’étais présent auprès des juniors et du staff de l’équipe de France et je suis devenu par la suite responsable du groupe B de biathlon français (5 filles et 5 garçons) sur le circuit IBU CUP (anti-chambre du circuit coupe du monde).
C’est après une très bonne saison, à tous les niveaux, que je m’occupe désormais de l’équipe de France A de biathlon féminin. C’est vrai que c’est une ascension rapide mais au vu des résultats cela me paraît cohérent.

 

L’année dernière vous étiez entraîneur de l’équipe B, qu’est ce qui change cette année ?
Cette année je n’ai « que » les filles à entrainer. C’est un changement dans la manière de coacher le groupe, les choses ne s’expliquent pas de la même manière que l’on ait affaire aux  garçons ou aux filles. J’ai donc dû mettre de côté le discours pour les garçons pour manager autrement.
Je suis concentré à fond sur les dames contrairement à l’année dernière ou je jouais sur les deux tableaux, mais reste disponible pour un éventuel renfort auprès des gars. Je ressens moins de stress sur la course des garçons que sur celle des dames.

 

©Fred Jean

Comment abordez-vous les entraînements ?
Chaque entraîneur a sa méthode de travail j’emmène avec moi ma méthode auprès des filles. Il est évident que l’on ne travaille pas de la même manière avec Vincent Vittoz. Si les séances d’entraînements ne sont pas structurées de la même manière elles se recoupent quand même sur beaucoup de points. Chacun à sa spécificité, ses idées, sa façon d’exprimer les choses.
Au niveau physique cela fait plus de 20 ans que le biathlon français fonctionne très bien, je n’aurai rien à révolutionner à ce niveau là, mais tout en gardant les choses qui fonctionnent depuis des années je rajoute ma touche personnelle avec un côté plus ludique. En espérant que ces choix-là paieront.

 

Les entraînements sont ils plutôt collectifs ou individuels ?
Les programmes d’entraînements sont individualisés quand les athlètes sont à la maison et personnalisés en fonction des besoins, des envies et des lieux de vie de chaque athlète. Par contre quand on est en stage c’est vraiment des programmes collectifs pour qu’il y ait une émulation au sein du groupe. Les stages permettent de créer une ambiance et une vraie cohésion d’équipe, le programme du stage est vraiment collectif, sauf cas particulier, blessure ou maladie…etc).

 

C’est un sport plutôt individuel mais qui demande un esprit d’équipe comment gérez vous cela ?
Un sport individuel certes mais avec beaucoup de disciplines  où le collectif ressort (relais mixte , single mixte , relais). Je pars du principe que si on arrive à créer une émulation dans l’équipe, les biathlètes seront capables de fonctionner aussi  bien sur les courses de relais que sur les courses individuelles. Il faut pour cela rassembler le groupe et créer une bonne ambiance de travail. J’essaie d’amener ce petit plus au sein de l’équipe pour que ce soit bénéfique pour tous les cas de figure suivant un leitmotiv : Fédérer un groupe pour « performer »  en individuel et en équipe.

 

Pouvez-vous nous résumer comment s’est déroulée la préparation de cette nouvelle saison de biathlon ? 
Avril : repos « en mode off » c’est le temps des vacances
Mai : début des entraînements et des stages collectifs avec du travail musculaire important
Eté : beaucoup de foncier pour se construire une bonne base d’endurance avant l’hiver. 
Début d’automne : Début du travail d’intensités avec des entrainements proches des vitesses de compétition. Nous sommes actuellement dans le dernier mois de préparation = moins d’heures d’entraînements et plus d’intensités, on affûte la « machine » avant les premières compétitions. Aujourd’hui le gros de la préparation est terminé.

©Fred Jean

À la fin de notre stage en Suisse, nous serons à la veille des premières vraies compétitions (départ pour Lenzerheide le 12 Novembre). Ces courses du 22 et 23 novembre prochains, seront déterminantes pour la sélection du début de saison en coupe du monde.
Les filles sont dans un bon état d’esprit pour aborder ce début de saison, avec une bonne préparation sans encombres. J’espère que les choix et la stratégie sportive vont payer !

 

D’ailleurs parlez nous de cette sélection pour la coupe du monde
A l’issue de la saison dernière et par rapport à son classement mondial, la France dispose de 6 places sur la coupe du monde. A ce jour on a les 3 athlètes du groupe A qui sont déjà sélectionnées pour les premières coupes du monde (Justine BRAISAZ/ Anaïs BESCOND (Lire l’interview d’Anaïs BESCOND) et Anaïs CHEVALIER)  et derrière il reste 3 places à prendre et elles sont 4. (AYMONIER Célia/ CHEVALIER Chloé/ LATUILLIERE Enora (Lire l’interview d’Énora Latuillière) SIMON Julia). Donc l’athlète non sélectionnée ira sur le circuit IBU cup au début de saison et pas en coupe du monde.

 

Dans quel état d’esprit sont-elles à quelques jours du début de saison ?
Ce sont les filles qui nous ont donné leurs objectifs pour la saison et pas l’inverse car elles savent bien qu’on sera tous attendus sur les championnats du monde qui auront lieu au mois de mars 2019. Ça ne sert à rien qu’on leur mette une pression supplémentaire, nous sommes là pour les aider à accomplir leurs objectifs. Justine Braisaz et Anaïs Bescond ont annoncé la couleur, elles jouent le classement général.
Anais Chevalier qui avait été blessée au printemps 2017 a pour objectif de retrouver son niveau d’il y a deux ans et de jouer régulièrement devant. Elle a su nous le montrer l’année dernière avec ses podiums.
Celia Aymonier, Julia Simon, Chloé Chevalier et Enora Latuilliere qui devront mettre en application, sans se mettre la pression, tout ce qu’elles ont appris jusqu’à présent. Elles ont vraiment le niveau pour faire de belles choses sur la coupe du monde.
Nos françaises n’ont pas à rougir des étrangères on a une équipe très forte sur le papier.

 

©Fred Jean

Parlez-nous de votre collaboration avec l’entraineur de tir Vincent Porret
Nous sommes deux anciens athlètes qui coachons ensemble aujourd’hui. Nous avons couru ensemble en équipe de France junior, c’est une logique qui continue. 
Nous formons un très bon binôme, nous avons pu le voir l’année dernière avec l’équipe B, tant sur le plan humain que sportif. Nous sommes enchantés de « driver » l’équipe A ensemble cette année.
On espère vraiment tous les deux que ça va fonctionner car on est sur la même longueur d’onde au niveau du coaching.


Un dernier mot ? 

Le biathlon c’est une grande famille. Depuis des années on passe énormément de temps avec nos athlètes et nos collègues de boulot, c’est à nous de garder cette ambiance et ces liens pour travailler ensemble pour que ça marche à tous les niveaux !

 

Interview réalisée grâce aux questions des supporters de biathlon, issues des réseaux sociaux. Propos recueillis par Faustine Chaix

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Photos avec l’aimable autorisation de ©Fred Jean

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